
Drapeau du Royaume du Cambodge
En provenance de Paris, le voyage fut long, très long. 11h30 de vol entre Paris et Hanoï au Vietnam, au bord d'un Boieng 777/200 de la compagnie Vietnam Airlines. A bord, j'ai pu voir défiler les pays, sur l'écran de navigation, depuis l'Europe, le Moyen Orient, et l'Asie. Enfin, on atterrit. Il est 5h30 à Hanoï. Première réaction: Il fait une chaleur étouffante: 29°C à 5h du matin. Et moi qui arborait encore mes vêtements du froid européen. Je suais à grosses gouttes, malgré le fait que j'avais ôté mon blouson.

Après les formalités de douane et de vérification de passeport, nous avons dû attendre plus de 3 heures dans le hall de l'aéroport, pour embarquer dans un autre avion, plus petit celui-là, un Fokker 70 toujours de la même compagnie. Destination finale Phnom Penh au Cambodge, via Vientiane au Laos, où on a dû tous sortir de l'appareil, attendre quelques minutes à l'aéroport, et embarquer de nouveau.

Le Fokker 70 de Vietnam Airlines
J'ai fait le trajet jusqu'à Vientiane avec un autre collègue africain, de nationalité ivoirienne. Lui aussi, rejoignait son poste d'affectation au Laos. Nous étions les seuls noirs, évidemment on attirait les regards. Des regards de curiosité plutôt qu'autre chose. Je n'y prêtais pas trop attention, du moment où il était là, et que j'avais quelqu'un à qui parler. Quand il est descendu à Vientiane, et que je me suis retrouvé seul, là, j'ai vraiment commencé à prêter attention aux regards qui me dévisageaient dans l'aéroport et dans l'avion. J'essayais d'interpréter du mieux que je pouvais ce qu'ils véhiculaient. Toujours de la curiosité? Etaient-ce des regards haineux? Racistes? Je ne pouvais pas déterminer exactement. Toujours est-il que moi aussi je les regardais. Je regardais ces asiatiques qui nous fascinent tant en Afrique, par leur esprit d'initiative, leur sens des affaires, et surtout leur discrétion. Jamais, je n'ai vu l'un deux dans les rues de Yaoundé, se promenant bras dessus-bras dessous avec une de nos compatriotes, pourtant si friandes des étrangers. Je me demandais ce qu'allait être mon séjour chez eux. Allais-je être accepté? Aurais-je des amis?
La voix du pilote dans les hauts-parleurs m'interrompit de mes rêveries. Phnom Penh était en vue. Enfin! Du siège où j'étais assis, je regardai par le hublot. Au fur et à mesure que l'appareil descendait, une partie de la ville se découvrait sur mes yeux. Des immeubles, des routes tracées, et surtout beaucoup de circulation.
Atterrissage réussi, débarquement de l'avion. La chaleur est toujours aussi étouffante, oppressante. On se croirait à Douala au Cameroun. Il devait faire dans les 35°C. Je suis le long rang qui s'ébranle pour les vérifications de visa. Déjà, un policier khmer m'interpelle, et me demande mon passeport. Je le lui montre. Tout est en règle. Il me fait signe de la tête de circuler. 10 m plus loin, alors que je m'apprête à aller chercher mes bagages, deux autres s'avancent vers moi. Même contrôle. L'un deux tourne et retourne mon Passeport, me dévisage, et me demande l'objet de ma visite au Cambodge, dans un anglais approximatif. Je lui réponds, et j'ai l'impression qu'il n'a pas tout compris. Il me fait signe de le suivre. Et là, je commence vraiment à me poser des questions. Je lui dis que je dois au préalable récupérer mes valises, en faisant des gestes de mes mains. Il m'y autorise, en commettant l'autre policier pour m'y accompagner. Je les récupère, c'était les seuls d'ailleurs qui n'étaient pas encore partis. C'est là que je me rends compte que de la trentaine de passagers avec qui j'ai débarqué à Phnom Penh, je reste le seul en prise aux formalités. Pas grave! "Ils n'ont pas souvent l'habitude de voir des noirs", me suis-je dit. Je rejoins l'autre qui ne me quittait pas du regard, là, on me conduit à la douane. ils sont près de 5 policiers autour de moi. Les questions fusaient: D'où venez-vous? Vous êtes de quel pays? Que venez-vous faire au Cambodge? etc. Je répondais du mieux que je pouvais, visiblement déjà un peu agacé, et surtout très fatigué. J'avais surtout peur que la personne qui était sensée venir me chercher à mon arrivée, ne pense que je n'ai pas fait le voyage, et s'en aille, me laissant me débrouiller seul, dans une ville où je ne connaissais personne, pas même le nom de l'hôtel où ma chambre avait été réservée.
C'est alors qu'ont commencé les fouilles. Tous mes bagages y sont passés, même mon bagage à main dans lequel mes pièces administratives étaient gardées. Contrairement à ce que je croyais, je n'ai pas eu droit à la fouille au corps. Après près de 5 minutes de fouille avec minutie, ils m'ont enfin donné le feu vert pour quitter l'aéroport. Je refermais mes valises, déçu de l'accueil. Je rêvais de beaucoup mieux, moi qui avais laisser femme et enfant, et qui avais fait des milliers de kilomètres pour venir apporter un peu de mon savoir, à ce peuple qui avait tant souffert. Apparemment, ils connaissaient des noirs autant que je croyais connaître d'eux.
Enfin, je sors de l'aéroport. Je suis le dernier, tout le hall est déjà vide. Ouf! Il est bien là, mon collègue belge, venu me chercher. Nous embarquons dans le taxi climatisé, loué pour la circonstance. Je m'assieds à l'arrière, épuisé. Il est 12h35. Nous roulons dans les rues de Phnom Penh! Premier cliché qui tombe: Je croyais la ville moins développée que cela! Que non! Les grandes artères sont bien tracées, les rues numérotées, la circulation abondante, les motos partout. Pas que les motos, les 4x4. Je n'en crois pas mes yeux. Des bolides plus rutilantes les unes des autres. Des Land Cruiser VX, des Lexxus, des 4x4 Ford que je n'ai jamais vus encore, des Hilux dernière génération. J'interroge mon collègue sur ce propos, il me dit qu'en effet, il y en a beaucoup, et que je n'ai encore rien vu. Il me dit que je pourrais voir à l'occasion des Ferrari, et autres voitures de luxe. Tout ceci m'interpelle! Deuxième cliché qui tombe: Finalement, ils ne sont pas aussi pauvres que je le pensais.
Nous faisons route vers mon hôtel, je regarde par la fenêtre, j'admire, je m'étonne, mais déjà, je n'ai qu'une seule envie. Prendre une bonne douche, et dormir.





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