Je sais, ça doit faire pas mal de temps que je n'ai pas fait de posts sur le blog. C'était surtout dû à des obligations professionnelles, qui m'ont conduit toute la semaine passée au... Vietnam (ou Viêt Nam) particulièrement à Hô Chi Minh Ville, ancien Saïgon.
Ça n'a pas pourtant été facile, jusqu'à la dernière minute, ce n'était pas sûr que j'effectuerai le voyage. Pourquoi? Eh bien parce que les noirs, ou si plus précisément, les africains" sont désormais persona non grata au Vietnam. Mon voyage était prévu pour dimanche, et ce n'est que vendredi que nous avons reçu un courriel du ministère de l'immigration du Vietnam, dans lequel un document était joint, et qui m'autorisait à retirer mon visa d'un mois, à mon arrivée à l'aéroport. Il existe pourtant une ambassade du Vietnam au Cambodge, mais je me suis vu refuser le visa quelques jours plutôt.
Vous vous interrogez certainement sur le pourquoi de cette mesure qui frappe une fois de plus les noirs. A ce qui paraît, mes semblables de la même race, étaient il y a quelques années, autorisés à entrer sans aucune complication au Vietnam. Jusqu'à ce que, il fallait s'y attendre, les choses se gâtent. Ne trouvant pas de travail, et pour survivre, ils ont commencé à s'adonner à un certain nombre de choses pas très catholiques: Délinquance, trafic de drogue et de stupéfiants, escroquerie, etc. Jusqu'à ce que le gouvernement communiste du Vietnam émette une loi (non-officielle), qui interdit l'accès dans le territoire aux ressortissants du continent noir.l L'Afrique sub-saharienne n'est pas la seule concernée, les maghrébins ne sont pas épargnés non plus (un marocain, qui devait donner des formations dans une université, s'était vu interdire l'accès au Vietnam).
Dans ces conditions, en effectuant le voyage, je m'attendais à ce qu'on ne m'accueille pas comme un héros à mon arrivée. Et je n'ai pas été déçu. Tout avait pourtant bien commencé ce beau dimanche ensoleillé à Phnom Penh. Le chauffeur de ma structure est venu me chercher chez moi, pour me conduire à l'aéroport. Le vol à bord d'un Fokker 70 de Vietnam Airlines était plaisant, bien que court (50 minutes), l'atterrissage réussi. Voilà, je pénètre dans l'aéroport. Déjà les regards de surprise et d'étonnement me dévisagent. Je m'avance vers la zone de vérification de passeport. Mon tour arrive, je présente le mien à une fille en tenue de policier, les cheveux tirés en arrière dans un chignon. Elle porte des lunettes qui lui donne l'air sévère. Je lui dis "Hello". Elle ne répond pas, et parcourt nerveusement les pages de mon passeport, à la recherche du visa vietnamien. C'est là que je lui tends le document envoyé par le ministère. Elle le lit avec attention, en vérifiant chaque fois si les données correspondent à celles sur mon passeport. C'est alors qu'elle me montre du doigt un autre box, situé de l'autre côté. Je peux y lire "Visa Service". Je m'y rends sur le champ. Là, de l'autre côté de la vitre, se trouve un jeune homme, policier lui aussi, sa collègue, qui est derrière un ordinateur, et un autre homme, dont à travers le nombre d'étoiles sur ses galons, doit certainement être le chef de service.
Je lui tends les deux documents. Il les parcourt, les authentifie à son tour. Puis, quand il lève enfin les yeux, il me regarde, et compare mon visage avec celui sur la photo du passeport. Il me demande dans un anglais archaïque, combien de temps je compte rester. "5 jours", lui dis-je. Il veut savoir pourquoi je suis là, voir mon ordre de mission, mon billet d'avion de retour, mon assurance, la réservation de l'hôtel. Je lui montre tout cela. C'est alors qu'il me demande si j'ai de l'argent. "Oui, c'est évident, j'en ai". Il veut le voir.
- What? You want to see the money I have? Je lui demande, surpris.
- Show me, il me dit. Eh bien, j'aurais tout vu sur cette terre. Je m'exécute, je sors mon portefeuille, et lui montre la centaine de dollars que j'ai sur moi, en coupures différentes, ainsi que les 320 000 Dong (la monnaie Vietnamienne, environ 20$) que je possède aussi. Il me demande de coller l'un des billets de 20$ sur la vitre. Ce qui est fait. Il demande à voir l'autre face. Je le fais aussi.
Il écrit des choses que je ne peux pas voir, et se lève avec tout mon dossier, qu'il va soumettre au Chef au fond du bureau. Il examine très rapidement mon dossier, et le lui remet. Je me demande ce qu'il me réserve à présent. Un test d'ADN peut-être. Non! Il revient, me demande une photographie d'identité. Je la lui donne. Il l'agrafe sur un formulaire photocopié qu'il me remet de remplir, en me montrant un siège derrière moi où je peux m'asseoir. Je m'exécute. Pendant que je remplis, un occidental arrive au même bureau. Et là, miracle! Je peux voir le policier lui sourire de toutes ses dents jaunes. Il ne lui est rien demandé, juste la photo. Le blanc remplit rapidement sa fiche, pendant que son visa est apposé sur son passeport. Il remercie et s'en va aussi vite qu'il était venu. Eh bien!
Je finis de remplir, et je retourne voir le monsieur. Il me demande 25$ de frais de visa. Je paye, et la femme saisit rapidement les informations sur son ordinateur. Mon visa est prêt! Enfin! Le monsieur me remet tous mes documents. Je les prends, non sans avoir exigé qu'on me remette le reçu.
Je retourne voir la femme de tout à l'heure, à l'air sévère. Même vérification d'usage, et coup de tampon. Je peux à présent sortir de ce lieu sordide.